La médecine aux yeux d’une jeune interne !!! j'attends vos commentaires internes et st résidents !!!!!
Ils ne font pas partie du personnel paramédical. Mais ils ne sont pas encore considérés comme faisant partie du staff médical.

Ce sont plus précisément, les « médecins internes » qui, à la fois, exercent et apprennent sur le tas, encadrés, de loin, par des professeurs et assistants hospitalo-universitaires et, de plus près, par les médecins résidents. Autrement dit les médecins qui sont en train de préparer une spécialité.
Certains disent que ces internes ont toujours le rôle ingrat d’effectuer le gros du travail et d’être au four et au moulin sur le terrain, dans le sens où ils se trouvent, en réalité, au bas de l’échelle des études médicales.
Les profs et les assistants traitent rarement, directement avec eux, alors que les résidents, tout accaparés par la préparation de leur thèse de spécialité, rechignent à mettre la main dans la pâte et délèguent les tâches de routine quotidienne à ces mêmes internes qui reçoivent des ordres de toutes parts, y compris de la part du personnel paramédical.
Pour avoir une idée vivante et réelle de la vie hospitalière de cette « caste », sante-tn a recueilli le témoignage d’une jeune interne exerçant, actuellement au service de pédiatrie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Sahloul à Sousse après avoir passé 4 mois, de novembre 2011 à la fin du moi de février 2012, au CHU Farhat Hached de la même ville au service d’endocrinologie.
Parole d’interne, de la charmante Abir Neffeti, 24 ans, brillante élève au lycée pilote de Sousse et étudiante au parcours sans faute à la faculté de médecine de Sousse…
« Je viens juste de commencer ma carrière, ‘’proprement dite‘’ en médecine. Avant, quand j’étais encore étudiante à la Faculté de médecine de Sousse, j’avais le statut d’externe et je devais passer par différents services sans avoir la moindre responsabilité...En fait, on apprenait par l’observation de nos séniors, la conduite qu’ils adoptent face à des patients qu’on considère comme ‘’des cas cliniques’’.
Actuellement, ce n’est plus pareil, la tâche devient plus sérieuse engageant beaucoup plus de responsabilité de notre part. On a, désormais, affaire à des malades qu’on prend en charge, et même éventuellement les parents des malades.
L’ambiance de travail varie selon les moments de la journée et selon les personnes à qui on a affaire.
Le matin, c’est le fameux staff qui commence, tous les jours, à 8h30 …Le hic, c’est que si les plus disciplinés arrivent à l’heure ou juste avant, d’autres viendront, en retard, l’un après l’autre,…ouvrent la porte alors que les membres du staff sont en pleine discussion. Les professeurs les reçoivent avec un regard perçant qui communique pleins de messages, mais …
Au début, j’avais le trac lorsque je suis tenu de présenter le dossier d’un patient lors du staff, mais j’ai fini, avec le temps, par m’y habituer. Cependant, la crainte d’entendre des critiques ou des remarques sur certaines défaillances, est toujours présente…
J’avoue, toutefois, que j’apprends beaucoup de choses à travers les discussions intéressantes lors de ces moments que je considère comme étant « sacrés » et hautement utiles pour notre formation. En effet, on y procède à des analyses des cas des patients qui présentent divers tableaux cliniques …
Sur le plan relationnel, mon métier comporte, selon ma modeste et encore courte expérience, trois volets : ma relation avec le personnel médical, avec les malades, et avec les parents des malades. Force est de reconnaître que les deux derniers volets sont assez délicats et exigent beaucoup de lucidité, de flegme et de savoir-faire…
Malheureusement, sur le plan des mentalités, certains comportements sont empreints de médiocrité, voire de vulgarité et sans le moindre respect dû au cadre soignant …
D’ailleurs, j’ai des collègues qui ont vécu des expériences amères avec certains malades et leurs accompagnants. On en voit de toutes les couleurs : des personnes ivres qui viennent au bout de la nuit sans savoir pourquoi, des clochards qui finissent leur bagarre à l’hôpital, des parents qui, affolés à propos de leurs proches, deviennent agressifs, des ‘’malades virtuels’’ qui prétendent être agressés par d’autres personnes, juste pour avoir des certificats afin de porter plainte à la justice …
L’hôpital est devenu un milieu pour règlements de comptes…Aussi bien, je me rappelle qu’une fois à l’urgence, un toxicomane, qui est venu consulter pour des douleurs atroces, a déclaré que seule la morphine peut le soulager. Or, quand on explique à ses proches que c’est impossible de lui donner des drogues, ils ont piqué une crise de nerfs et ont failli nous agresser physiquement. Sans oublier, bien sûr, le nombre énorme d’hystériques qui viennent jouer le théâtre pour être le centre d’intérêt des présents.
Ma relation avec les résidents :
La majorité c’étaient des résidentes …Ma première résidente, chef hiérarchique, est une Sfaxienne. Au début, nous avions quelques petits problèmes mais jour après jour, nous nous sommes rapprochées l’une de l’autre…On s’est découvert, chacune, les qualités de l’autre. On est devenu même assez complices, on se partageait les tâches de bon cœur. Elle m’expliquait les ficelles de la profession…
On a travaillé ensemble pendant 2 mois au service d’endocrinologie du CHU Farhat Hached avant de passer au service de pédiatrie au CHU Sahloul où le courant avec les nouveaux résidentes ne passe pas jusqu’à présent Ils se comportent avec nous, les internes comme s’ils étaient de véritables patrons et nous traitent comme si nous étions à leur service à eux. Ils sont là pour donner des ordres tout en exigeant qu’ils soient exécutés immédiatement.
Je dois dire, à la fin, que la vie de l’interne est dure et nécessite beaucoup de dévouement et de sacrifices, surtout pour ceux qui veulent apprendre. Ils doivent supporter le trac avec les profs, le dédain, parfois, des résidents et l’agressivité d’un bon nombre de patients. Sans oublier les gardes qui nécessitent, à elles seules, des sacrifices et des efforts particuliers. Vivement la réussite au concours de résidanat ! »
Propos recueillis par Mounir Ben Hédi